Les Marocains indignés, depuis la semaine dernière, après l'immolation par le feu d'un jeune vendeur ambulant pour protester contre la saisie de sa charrette, à Sidi Bennour et une gifle qu’il aurait reçu d’une policière. Samedi, l’indignation s’est transformée en colère après l’annonce du décès du Yassine, âgé de 28 ans, dans un hôpital à Casablanca. Depuis, des manifestations ont eu lieu pour pointer du doigt la responsabilité des autorités locales.
Les faits datent du 28 juillet dernier, rapporte Lakome, qui rappelle que le jeune homme a succombé à des brûlures de troisième degré, au Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd de Casablanca. Ce jour-là, Yassine, après la saisie de sa charrette et de ses produits, s’est rendu à l’annexe administrative de Sidi Bennour pour demander de récupérer son gagne-pain, avant que sa demande se transforme en protestation contre le Caïd et les membres des Forces auxiliaires ayant saisi sa charrette.
Inspiré par le Tunisien Mohamed Bouazizi, il s’immole par le feu. Des témoins oculaires ont rapporté que des citoyens ont tenté vainement d’éteindre le feu, avant que des éléments de la Protection civile ne prennent le relai. Transféré en urgence à l’hôpital Mohammed V d’El Jadida dans un premier temps, le jeune homme est finalement admis au CHU de Casablanca.
Le décès du jeune homme a provoqué une vague de manifestations à Sidi Bennour. Des citoyens ont ainsi investi les rues, samedi, scandant plusieurs slogans, comme «Non à la hogra», «Ne nous poussez pas à nous immoler» ou encore «Nous sommes tous Yassine». La mobilisation s’est également propagée sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes appelant à se mobiliser pour rendre justice à Yassine ou encore fait en sorte que ce drame ne se reproduise plus.
Une première réaction d’Al Adl Wal Ihsane
Le décès de Yassine a fait réagir également le mouvement Al Adl Wal Ihsane. Ce dimanche, sa jeunesse a dit avoir «appris avec une profonde tristesse et chagrin», le décès du jeune homme. Accusant le Caïd du premier arrondissement de la ville d’avoir «poussé Yassine à s’immoler par le feu», la jeunesse de la Jamâa indique que le représentant des autorités «a insisté et tenté plus d'une fois d'imposer des pratiques autoritaires envers le jeune homme, qui gagne sa vie grâce à sa charrette».
«Le 28 juillet, le Caïd a tenté d’interpeller le défunt et l’a violenté dans la voiture de service avec ses collaborateurs. Après avoir terminé son agression, il a appelé la police pour son arrestation sur fonds de non-respect de l’état d’urgence sanitaire et le non port d’un masque», fustige la jeunesse d’Al Adl Wal Ihsane. «Tout cela a mis le jeune dans une situation psychologique difficile, qui s’est terminée par l’utilisation d’une matière inflammable pour menacer les autorités et récupérer sa charrette. L’entêtement du Caïd a été une cause directe de la perte de l’un des jeunes de la région», dénonce-t-elle encore.
Pour la jeunesse de la Jamâa, le cas du jeune Yassine Al Khmidi illustre la souffrance, la dureté de la vie, et la difficulté d'accéder au marché du travail de la jeunesse.
«Nous tenons les autorités locales de la ville et à leur tête le Caïd comme responsables du décès du jeune Yassine. Nous condamnons des pratiques makhzaniennes d'oppression au lieu de fournir un moyen de subsistance décent aux jeunes de la région.»
La même source appelle aussi à l’ouverture d'une enquête impartiale sur les détails de ce drame, «sans ommettre la responsabilité des autorités locales». «Nous avons appelé tous les partenaires et les personnes vertueuses de la ville à s'unir et à tenir bon face à ces politiques qui cherchent à accroître l'effusion de sang au sein de la jeunesse marocaine», conclut la même source.